Se limiter aux endroits où vont les touristes, comme les musées et les plus grandes attractions, veut dire manquer quelques-uns des lieux de restauration et de shopping préférés des Santiaguiños, hors des chemins battus.
Connaître quelques-unes des complexités de la capitale du Chili peut changer complètement votre point de vue sur la ville, et vous permettre de vivre les rues comme le fait un de ses habitants. Une bonne manière de commencer est d’éviter les nombreux et fastueux centres commerciaux et les grands magasins de la ville, et de choisir au contraire de découvrir les marchandises des artisans indépendants qui ont créé une nouvelle culture de la mode et du design local, avec des collections de chaussures, robes et bijoux chiliens uniques en leur genre.
Au lieu des produits agricoles et des fruits de mer de la grande exportation, comme les myrtilles et le saumon, recherchez les saveurs locales uniques, comme le mélange de piments fumés utilisé par les aborigènes Mapuche, appelé merkén. Plutôt que de choisir simplement dans la gamme incroyable de fruits de mer qui arrivent à Santiago de la côte extraordinairement longue du Chili, goûtez aux mets les plus délicats, comme les oursins les plus charnus et savoureux que vous ayez jamais mangés, ou aux plats traditionnels comme le caldillo de congrio, un ragoût passionné à base d'anguille de mer. Les boîtes éphémères et les restaurants à huis clos, appelés « puertas cerradas », ne sont en général pas connus par de nombreux touristes, toutefois pour ceux qui désirent tenter leur chance, ils vont leur permettre de créer un lien plus proche et personnel avec la communauté culinaire de Santiago.
Comme Santiago est plus moderne et confortable que la plupart des villes d’Amérique Latine, elle est aussi plus facile à découvrir, par conséquent des informations données par les initiés vous permettront d’explorer les aspects moins connus de la ville, pour vous mettre en contact avec tous ses charmes authentiques.
De jeunes chefs pleins de promesses, fraîchement sortis de grands restaurants d’Europe ou d’Amérique Latine, retournent chez eux pour insuffler une nouvelle vie à la scène culinaire de plus en plus animée de Santiago. Les restaurants temporaires et les puertas cerradas [restaurants à huis clos], les auberges clandestines sans licence officielle, sont devenus un moyen, pour des cuisiniers créateurs qui n’ont pas beaucoup d'argent et de se faire connaître. À Santiago des douzaines de restaurants temporaires et d’événements culinaires non officiels sont apparus ces cinq dernières années, organisés souvent après les heures normales, dans d’autres restaurants ou dans des entrepôts abandonnés. Un exemple a été le très célèbre Come Y Calle, qui a organisé des soupers dans un parking requinqué, avec des plats innovateurs comme le longaniza - merlu en croûte de noix de coco dans une sauce au curry – et des cocktails avec du thé d’hibiscus, de la vodka et des coraux mous (fraises de mer). Si vous n’avez pas eu la chance d'y aller, ne vous en faites pas - il y en a beaucoup d'autres. L’un des meilleurs vient du célèbre chef Matias Polomo, qui a fermé son restaurant très coté le Sukalde il y a quelques années, pour le rouvrir ensuite en organisant des dîners de fête ambulants. On peut trouver le Sukalde Secreto, comme on l’appelle maintenant, à des dîners réalisés dans la salle à manger de la maison de Polomo. Vous avez envie de créativité ? Des groupes peuvent louer les services de Polomo pour créer leur propre 'dîner éphémère' ou événement privé à la maison, sur leur lieu de travail, ou dans n'importe quel espace imaginable dont ils peuvent rêver. www.sukalde.cl
Une nouvelle tendance à Santiago est de faire tout sur place, en petits lots, et d'une façon autant que possible exclusivement chilienne. Il y a maintenant des saucisses artisanales qui trônent sur des petits pains faits avec des céréales chiliens. Des « garagistes » font du vin de premier ordre à petite échelle dans des garages, qui rivalise avec tout ce qui est produit dans les grandes ‘bodegas’ au sud et à l’ouest de la ville. Tandis que la bière se limitait autrefois à des bières blondes industrielles, une marée de brasseurs maison pleins d’énergie ont transformé leur passe-temps en créant un des ensembles de brasseries de petites dimensions les plus importants d’Amérique du Sud. Le phénomène de l’artisanat s’étend aussi aux chaussures pour hommes. Dans une cordonnerie dans le Barrio Italia appelée Padre Nuestro, ils font sur mesure de belles chaussures en cuir. Avec du cuir poli à la main de vaches chiliennes, vous participez à la conception du modèle, de la couleur et du type de semelle. Les variétés comprennent des Oxfords, des Derbys et des bottes, ainsi que des ceintures en cuir assorties. Chacune de ces paires de chaussures élégantes est unique à cent pour cent. Cependant le processus n’est pas rapide, car il faut environ de quatre à huit semaines pour fabriquer les chaussures, y compris le test final pour garantir qu’elles sont faites parfaitement à votre pied.
Il y a peu d’endroits au Chili, avec ses milliers de kilomètres de côte, qui n’accèdent pas facilement au poisson et aux fruits de mer frais. Alors que le saumon d’élevage dans le Sud attire beaucoup d’attention sur le marché d’exportation, à Santiago on a plus de chance de trouver des espèces moins connues, dans les restaurants de la ville. Il y a le congrio, l’anguille de mer, qui est utilisée dans le ragoût de poisson traditionnel : le caldillo de congrio. Ensuite il y a le pyura, un ‘filtreur’ qui ressemble à une roche avec des organes rouge sang à l’intérieur, que l’on mange cru tel quel ou haché et servi avec du riz. Les oursins du Chili, appelés « erizo » en espagnol, sont un élément incontournable et rivalisent avec ceux du Japon. Ils sont énormes, sans rien sacrifier en saveur. On peut non seulement trouver des oursins à des tables raffinées et des restaurants japonais dans toute la ville, mais aussi les acheter aux étals ou dans les marisquerias (restaurants de fruits de mer) dans le Mercado Central. La plupart de ces restaurants, situés sous la ferronnerie vieille de plus d’un siècle au centre du marché, ont les mêmes recettes, par conséquent on peut commander des oursins dans une tortilla, une omelette style espagnol, ou bien en ceviche, marinés avec seulement du citron vert et de la coriandre.
Alors que le Chili n’a pas d’aussi forte connexion avec ses aborigènes que ses voisins le Pérou et la Bolivie, un regain d’intérêt pour les ingrédients endémiques a signifié aussi une approche plus attentive à la relation que les Chiliens autochtones ont avec les plantes et les animaux qui les entourent. Au nord du pays, dans le Désert d’Atacama, la plante aromatique rica rica est utilisée depuis des générations pour ses propriétés médicinales, et récemment elle trouve aussi sa place dans des recettes sucrées comme les glaces et les apéritifs à base de pisco. Du sud du Chili provient le merkén, un mélange épicé à base d'aji cacho de cabra [piment enragé] séché et fumé, qui est utilisé pour épicer les soupes, les sauces et les viandes dans la cuisine Mapuche. Les piñones, les pignons des Araucarias du Chili [aussi appelés désespoirs des singes] utilisés par les Pehuenche, sont vendus crus ou grillés, et aussi utilisés pour brasser de la bière. Des boutiques pour gourmets, comme la Coquinaria (avec des succursales à Las Condes et à Vitacura), entreposent beaucoup de ces épices et ingrédients sous forme de bouteilles. Ces boutiques, qui ont des restaurants annexés, vendent aussi du fromage, des sels de mer et des confitures épicées au merkén, ainsi que d’autres produits chiliens gourmands comme le miel Ulmo floral et crémeux, et l’huile d’olive vierge extra de la ligne Las Piedras. www.coquinaria.cl