Polyvalent et original, ses formes sont toujours évocatrices car son rôle est d'interpréter, communiquer, mais surtout, de créer de la magie. Ainsi, lorsque le quotidien rencontre le design, il donne naissance à un micro-monde ludique, kaléidoscopique, souvent onirique, capable de faire briller la lumière propre des meubles, comme s'ils habitaient dans le rêve plus que dans la réalité de nos espaces.
La dimension onirique appartient depuis toujours aux créatifs et designers : l'expérimentation et la recherche formelle ont été, et sont toujours, les mots d'ordre pour donner vie à des objets poétiques capables de rendre nos maisons plus belles. Nombreux sont les meubles qui, malgré leur fonctionnalité intrinsèque, ne peuvent pas s'empêcher d'être riches en souvenirs et évanescence, fantaisie et émotions, et qui ont laissé une empreinte dans l'histoire du design.
Dessiner la lumière est déjà en soi un acte féérique et onirique. Si ensuite l'inspiration, simple et géniale à la fois, provient de la nature, le résultat ne peut être qu'une rencontre parfaite entre manufacture et poésie. C'est ainsi qu'Ingo Maurer décrit Lucellino, une lampe volante qui rappelle un chérubin, avec deux grandes ailes en plumes d'oie, qui fluctue léger dans l'air. Conçue en 1992, elle est, depuis lors, une pièce culte du design, dans laquelle vivent en harmonie la recherche de la beauté, avec lequel le Poète de la Lumière veut nous séduire et nous émouvoir, et l'utilisation de matériaux pauvres, qui représentent symboliquement un retour aux origines, à l'essence des choses. Que ce soit par ses formes nettes et sobres, par son approche irrévérencieuse et ironique, Lucellino est un objet éthéré, presque magique, qui touche le cœur de celui qui le regarde et donne une allure poétique et enfantine à l'espace qu'il illumine.
Si Lucellino a été conçue à une période à l'abri de tout soupçon, lorsque nous nous arrêtons, fascinés, face à Tweetie, le système de lampes imaginé par Jake Phipps pour Casamania, nos pensées s'envolent immédiatement vers l'icône sympathique de Twitter. Et nous ne pouvons pas nous empêcher de nous demander si le designer n'a pas voulu, de façon irrévérencieuse et ironique, mettre en cage le symbole sifflotant d'un des réseaux sociaux les plus diffusés. Si, en revanche, vous ne faites pas partie des Millenials, la première association qui vous vient à l'esprit est certainement le célèbre personnage Titi du dessin animé des Looney Tunes. Ne vous laissez pas tromper par les apparences ! L'idée du petit oiseau en cage est la savante citation de l'ancienne tradition égyptienne et romaine d'avoir un canari à la maison ; par la suite, il devint un signe de bonne éducation au Moyen Âge, puis dans les cours d'Angleterre. Ainsi, une icône du statut britannique haut-placé se transforme en une lampe-objet dont la poésie intrinsèque rend tout espace unique et rêveur.
Qui n'a jamais été fasciné par le spectacle des flocons de neige qui tombent, placides, silencieux et immaculés, pendant les courtes journées hivernales ? Nous retrouvons cette poésie, ravivée par une touche humoristique et par une grande sensibilité, dans la Snow Table éthérée dessinée par Nendo en 2005. Les grands flocons de neige semblent s'être tout juste posés sur le sol et soutiennent délicatement la base en verre. Le jeune designer japonais a créé un objet à l'impact émotionnel fort, qui invite à faire une pause au beau milieu des activités quotidiennes et nous ramène au souvenir de l'ébahissement enfantin devant le manteau immaculé.
Une autre idée originale née de suggestions enfantines : en 2014, le duo Laudani e Romanelli a dessiné la table basse Fairy Tales pour Valsecchi 1918. Profitant de l'esprit désinvolte et ironique de l'entreprise, les deux designers ont conçu une coffee table aux fines jambes cylindriques et dont le plan est constitué de trois volumes de dimensions diverses, qui reproduisent trois tomes à la couverture rigide, les lignes fines suggérant la présence des pages. L'inspiration provient de ces livres que nous souhaiterions lire, mais pour lesquels nous ne trouvons jamais le temps, ceux qui réussissent à nous faire rêver en nous transportant dans un monde peuplé d'elfes, de fées et de chevaliers. Il en existe de multiples versions, qui varient par leur forme, couleur et proportions. Innovantes et pourtant tellement familières, ces tables basses sont parfaites pour poser différents objets, parmi lesquels justement le best-seller que vous êtes en train de lire.
Si, en revanche, vous avez la main verte et que les fleurs sont votre passion, la table de jardin Alice, dessinée par Patrizia Pozzi pour Serralunga, s'avèrera parfaite pour votre terrasse. Le dessin est romantique, mais discret ; la designer a réussi à modeler la nature avec artifice et ironie : les formes naturelles et presque hyper-réalistes deviennent abstraites par leur matière et leur couleur, en créant un effet de fiction mimétique. Disponible en plusieurs hauteurs, vous pourrez meubler votre espace, en reconstruisant visuellement un champ de fleurs. Et vous aurez de suite le Flower Power Design !
Lecture, poésie, rêve, art et un état d'esprit frais et ironique sont les traits du design d'un des fauteuils les plus iconiques au monde. Mendini est inspiré par "A la recherche du temps perdu" et l'iconographie de Seurat et Signac, à savoir le pointillisme et le divisionnisme, lorsqu'il imagine un fauteuil dix-huitième, baroque, à dédier à Marcel Proust, qui joue avec les concepts de lieu, temps, mémoire si chers au Maître. Réalisé en 1978, après une genèse de deux ans, le fauteuil Proust est un nuage chromatique, une illusion d'optique : chaque coup de pinceau est assemblé, tout comme les anecdotes du roman se lient entre elles, et voit alors le jours un objet neuf et vrai, né de poussière et atmosphérique, riche d'énergie grandissante. Une utopie, comme le définit son propre designer, qui s'est transformée en éternité grâce à ses 15 versions ; un rêve qui, justement, est devenu réalité.
Dans ce cas qui ne voudrait pas s'y asseoir et se perdre parmi ses mille couleurs, comme dans un kaléidoscope d'émotions ?